Tableau historique - Muller
Je présente lors du vernissage du Salon d'Automne le vendredi 23 septembre 2022, le tableau de Muller Charles Louis
XVIII ème siècle - huile
restauration du cadre de l'époque effectuée par un restaurateur d'art orléannais cette rentrée de septembre,
une de mes acquisitions
l'original ayant été exposé à Versailles puis transféré dans un musée dédié à l'Histoire de la Révolution Française
Appel des dernières victimes de la Terreur à la prison Saint Lazare à Paris les 7-9 Thermidor an II du Peintre Muller
A l’été 1794, la « Grande Terreur », mise en place par les lois de prairial an II (mai 1794)[1], sévit impitoyablement. La guillotine avait été déménagée de la place de la Révolution (aujourd’hui place de la Concorde), jugée trop centrale, pour être installée place du Trône renversé (actuelle place de la Nation). Il y eut autant de victimes en deux mois qu’en un an. Mis au point avec les grands procès d’Hébert et de Danton au printemps, les amalgames étaient courants. Malgré quelques grandes condamnations d’aristocrates, les sans-culottes payèrent le plus lourd tribut à la « sainte guillotine », en raison du principe selon lequel « la Loi récompense le dénonciateur ». Cette terrible répression ne prit fin qu’avec la chute de Robespierre, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794). Début août 1794, les prisons où s’entassaient des milliers de condamnés commencèrent à s’ouvrir. La promiscuité y était absolue, mais certains condamnés aisés parvenaient moyennant finance à améliorer leur sort en obtenant une chambre relativement indépendante. La maison Bonhomme recevait aussi quelques prisonniers auxquels elle offrait de meilleures conditions de détention tant qu’ils pouvaient payer. L’immoralité était partout, alors que l’on prônait la vertu d’Etat.
Les listes des dernières victimes de la Terreur avaient été publiées dans les numéros du Moniteur des 7 et 9 thermidor an II. Tel fut le point de départ du tableau de Müller, ancien élève de Gros. L’artiste ne chercha pas à reproduire tous les guillotinés, bien qu’il ait publié ces listes dans les livrets des expositions où son tableau fut présenté au public. A ces listes, Müller ajouta le récit de l’appel nominal des victimes que Thiers rapporta dans son Histoire de la Révolution française (1823-1827). Il convient d’évoquer en outre l’influence certaine de Louise Desnos, artiste qui avait exposé un tableau sur ce sujet au Salon de 1846, dont Müller parvint à magnifier l’intimité. Enfin, le récit de Alfred de Vigny sur la mort d’André Chénier, paru dans Stello (1832), fut déterminant pour l’artiste. L’huissier, « le grand pâle », ainsi que les commissaires de la République et les geôliers décrits par l’écrivain sont parfaitement visibles dans la toile de Müller. Comme Vigny, c’est à Chénier que le peintre donne le premier rôle en le plaçant au centre du tableau. Tout cela se conjugua dans l’esprit de Müller pour créer une vaste fresque historique. Esprit encore romantique, l’artiste s’enthousiasma pour le poète incompris qu’était Chénier, génie solitaire isolé au premier plan au sein des autres prisonniers, à l’inverse du poète Jean-Antoine Roucher, également représenté sur la toile, beaucoup plus célèbre alors que Chénier, mais dénué de puissance créatrice. On reconnaît à droite « la jeune captive » célébrée par Chénier, Aimée de Coigny, implorant à genoux l’abbé de Saint-Simon. Les prisonniers que Müller a retenus sont d’ailleurs en grande majorité des aristocrates (le marquis de Montalembert, la comtesse de Narbonne-Pelet, la princesse de Monaco, etc.), alors que les listes du Moniteur donnent surtout des noms d’artisans et de sans-culottes.

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